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Shōshinge – Dixième Stance : Les lotus blancs (Puṇḍarīka)

Sur les lotus blancs (Puṇḍarīka) et l’universalité des vœux d’Amida

Introduction

Le Shōshin Nembutsu Ge (正信念佛偈 – le poème sur la croyance véritable dans le Nembutsu) souvent abrégé Shōshinge est un poème long de 30 stances qui est récité tous les jours dans les temples Jōdo Shinshū. Il est extrait du Kyōgyōshinshō (教行信証), l’œuvre majeure de Shinran (親鸞, 1173 – 1262), le fondateur de notre école Jōdo Shinshū.
Dans cette dixième stance, Shinran met en avant l’universalité des vœux du Bouddha Amida et insiste sur les qualités des êtres qui ont réalisés Shinjin, qualifiés de lotus blancs (Puṇḍarīka).


Dixième stance du Shōshinge – Traduction

(10) Tous les gens ordinaires, qu’ils soient bons ou mauvais,

一切善惡凡夫人 – Is sai zem maku bom bu nin

S’ils entendent et croient au Vœu Universel de l’Ainsi-Venu [Amida],

聞信如來弘誓願 – Mon shin nyo rai gu zei gan

Sont loués par le Bouddha [Shakyamuni] comme étant dotés d’une compréhension vaste et supérieure.

佛言廣大勝解者 – Butsu gon kō dai shō ge sha

Ces gens sont appelés « puṇḍarīka » (lotus blanc).

是人名分陀利華 – Ze nin myō fun da ri ke


Dixième stance du Shōshinge – Commentaire : Sur les lotus blancs (Puṇḍarīka) et l’universalité des vœux d’Amida

La Compassion et la Sagesse représentées par Bouddha Amida ne fait aucune distinction entre les êtres. Que nous ayons été bon ou mauvais dans le passé n’a aucune importance. La seule nécessité est de nous détourner de nos fonctionnements habituels, imposés par notre égo, nos conditionnements et notre société, en ouvrant nos cœurs à la Compassion et la Sagesse Infinies représentées par le Bouddha Amida. Comme le dit Shinran dans le Chapitre sur la Foi dans le Kyōgyōshinshō :

Lorsque je considère le grand océan de Shinjin, je me rends compte qu’il ne fait aucune distinction entre les nobles et les personnes humbles, ou entre ceux qui portent la robe noire (c’est-à-dire les moines) et ceux qui portent la robe blanche (les laïcs). Il ne fait aucune distinction entre les hommes et les femmes, entre les jeunes et les vieux. La quantité d’actes mauvais accomplis n’entre pas en ligne de compte, pas plus que le temps passé à pratiquer. […] Il s’agit simplement de Shinjin qui est inconcevable, inexplicable et indescriptible. Elle est comme un médicament qui éradiquerait tous les poisons. La médecine des vœux du Bouddha détruit les poisons de notre bêtise et de notre sagesse.

Si nous remettons ces paroles dans le contexte moderne, nous pouvons dire que cette Compassion et Sagesse Infinies ne fait aucune distinction suivant l’éducation, le genre, la couleur de peau, l’origine ethnique ou l’orientation sexuelle des individus.  Elle inclut non seulement tous les êtres humains, mais aussi tous les êtres vivants.

Ces valeurs, portées par le Bouddha Amida, vont petit à petit pénétrer nos cœurs de telle sorte que pour nous aussi ces discriminations vont finir par disparaître.

Comme le dit Shinran dans une des lettres à ses disciples :

Par le passé vous étiez ivres du vin de l’ignorance et n’aviez de goût que pour les trois poisons de l’avidité, de la colère et de l’ignorance. Mais depuis que vous avez entendu le vœu du Bouddha vous êtes progressivement sortis de l’ivresse de l’ignorance, avez progressivement rejeté les trois poisons et en êtes venus à préférer en tout temps la médecine du Bouddha Amida.

Ainsi cette compréhension supérieure à laquelle nous accédons est la suivante : tous les êtres, nous y compris, sont limités dans leurs capacités à se libérer eux-mêmes et pourtant sont entourés en permanence par la Compassion et la Sagesse du Bouddha. Peu importe leurs défauts et leurs travers, peu importe leurs qualités, tous les gens ressentent la souffrance et aspirent à s’en libérer. Chez certains les poisons de la haine, de l’avidité et de l’ignorance sont plus forts que chez d’autres, et ces poisons leur causent de la souffrance ainsi qu’aux êtres qui les entourent. Mais sur eux aussi brille la lumière du Bouddha. Eux aussi peuvent atteindre cet instant de réalisation qui les fera changer et entrer dans la famille du Bouddha si les conditions sont propices.

Les personnes qui ont compris cela sont louées comme étant des « puṇḍarīka », des lotus blancs. Cette fleur est considérée comme la meilleure et la plus rare des fleurs de lotus. La comparaison avec un lotus blanc est issue du Soutra des Contemplations du Bouddha Vie-Infinie (観無量寿経), dans lequel il est dit :

Sache que celui qui commémore le Bouddha est un lotus blanc parmi les hommes. Les Bodhisattvas Kannon et Seishi (les deux Bodhisattvas qui secondent le Bouddha Amida) sont ses meilleurs amis. S’asseyant sur l’aire de l’éveil il naîtra dans la maison de tous les Bouddhas. 

Neuvième Stance du ShōshingeOnzième Stance du Shōshinge
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Bouddhiste Jōdo Shinshū basé en Franche-Comté qui souhaite partager avec vous sa passion pour cette tradition méconnue du Bouddhisme Japonais

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