Soga Ryōjin,  Traductions

Soga Ryōjin – Le Tathāgata est moi-même

Dans ce texte, le révérend Soga Ryōjin revient sur une réalisation qu’il a eu au cours de l’année 1912 et qu’il décrit au tout début d’un de ses articles les plus connus « Dharmākara, un Sauveur sur Terre ». Cette réalisation est que « le Tathāgata est nous-mêmes » et pourtant, au final, « nous sommes bien nous-mêmes et pas le Tathāgata ». Par la suite il développera ce concept pour aboutir à la compréhension que « la fusion du Tathâgata avec moi marque la naissance du Bodhisattva Dharmākara ».


Le Tathāgata est moi-même

Je ne m’adresse pas seulement au Tathāgata en l’appelant « tu », je m’adresse directement au Tathāgata en l’appelant « je ».

Ceux qui suivent les enseignements prônant le pouvoir personnel (自力, Jiriki) s’écrient : « Je suis le Tathāgata », se sentant fier d’eux-mêmes.

Les pratiquants des autres écoles de la Terre Pure s’écrient : « le Tathāgata est le Tathāgata », se sentant profondément découragés par l’état de notre monde actuel.

Nous sommes surpris par la dimension merveilleuse qu’on retrouve dans ces mots « le Tathāgata est moi-même », tout en réalisant que « au final je suis moi-même et pas le Tathāgata ».

Depuis des temps immémoriaux nous avons utilisé le pronom « je » pour nous nommer et en toute arrogance nous nous sommes pris pour le Tathāgata. Cela revient à se perdre dans l’idée qu’ Amida est notre nature-propre et que la Terre Pure n’existe que dans notre esprit [contre laquelle Shinran nous met en garde].

De plus, nous avons pris le Tathāgata pour n’être que le Tathāgata et nous-mêmes pour n’être que nous-mêmes. Ce qui revient à tomber dans l’illusion de l’esprit qui s’engage dans les pratiques méditatives et non-méditatives [contre laquelle Shinran nous met également en garde].

Maintenant, je me considère moi-même comme étant moi-même et également le Tathāgata comme étant moi-même, voyant dans ce moi la substance spirituelle qui réalise l’unité du Bouddha et des être ordinaires. Et j’ai l’honneur de prendre le cœur vrai du Tathāgata, qui est la foi qui s’en remet [à lui] et de l’appeler « moi-même ».

J’appelle le Tathāgata moi-même et enveloppe ce [Tathāgata] à l’intérieur de mon propre sujet, et dans le même temps m’adressant à lui en l’appelant « tu » je me retrouve enveloppé par sa lumière. Voilà pour moi l’apogée de la joie.

(Soga Ryōjin senshū, vol. 4, page. 340-41.) – Traduction basée sur une traduction en anglais inédite du Professeur Michael Conway, avec son aimable autorisation.

Cet essai se trouve également en anglais dans A Soga Ryōjin Reader par Jan Van Bragt

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Bouddhiste Jōdo Shinshū basé en Franche-Comté qui souhaite partager avec vous sa passion pour cette tradition méconnue du Bouddhisme Japonais

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